Prise en main GT-R 2012 (550ch) : Resistance is futile.

Une après-midi clémente de février irisée d’un soleil scintillant, nous avons pu prendre en main la machine à tuer du cercle des sportives : j’ai nommé la Nissan GT-R. Ici dans sa version 550ch, elle évolue théoriquement assez peu au regard de la précédente mise à jour (2010 > 2011) mais dans les faits, l’expérience est instructive.

Lors d’un Essai dans les alpes Suisses réalisée l’année dernière au mois de Juin, j’avais pu au travers d’un parcours de plus de 900kms appréhendé de façon assez approfondie la personnalité de la GT-R 2011. Avec plus de 530 ch, et des évolutions sensibles à tous les niveaux cette mouture représentait déjà un pallier crucial. Cela étant, les routes et les cols empruntés avaient révélé un survirage omniprésent que même l’électronique embarquée du GODZILLA Nippon ne pouvait réprimer : Et pour cause, ce n’était pas le fait de la voiture mais la conséquence d’un jeu de pneus usé jusqu’à la corde.

Inutile de refaire encore et encore le match. La vérité, c’est que cette pénalité n’avait pas eu raison de la domination de la GT-R qui parvenait en toute décontraction à soutenir le rythme imposé par une Lamborghini Gallardo LP 560-4 pourtant menée à la cravache. Les seuls moments réellement frustrants consistaient dans les épingles de cols où la « GT-R » tentait douloureusement de réprimer les fuites de son train avant, aussi exsangue qu’un octogénaire aux prises avec le Tourmalet.

Malgré toutes les raisons de penser que la voiture seraient transfigurée par des pneumatiques débarrassés de la paille de fer… aucun essai n’était là pour confirmer cette supposition. L’essai de cette semaine, aussi court était t-il a eu le mérite de réinitialiser mes perceptions, désormais complétées d’informations et de ressentis beaucoup plus homogènes.

D’abord, la puissance, laquelle sur un véhicule quasiment neuf et conduit en mode automatique (la boîte ne peut être pilotée manuellement qu’après un minimum de 2000kms), était calquée sur le souvenir d’une 530 largement débridée ; il faut donc s’attendre à ce que la 550 soit encore plus virulente passée sa première dizaine de milliers de kms.

Le grip ensuite et la traction totalement transfigurés par la présence de gommes fraîches. Le train avant s’inscrit très facilement, et conserve l’adhérence sans même recourir à des artifices (léché de frein avant) et la voiture, y compris sur les deux premiers rapports ne déclenche pas un seul instant l’anti patinage. Conduite sans les assistances, la 530 glissait longuement des quatre roues dans un déhanché musclé à chaque passage du deuxième rapport (je ne parle même pas de la première).

 

“…passée la vitesse de la lumière, une autre créature se révèle, elle semble plisser ses projecteurs au néon pour mieux voir le ruban d’asphalte et anticiper les pièges et dévers, se ramasser sur elle même et contracter avec souplesse son impressionnante musculature, pareille à une sorte de monumental guépard…”

 

On retrouve toujours cette sensation étrange et finalement pas désagréable d’être plusieurs à avancer en même temps, à se battre pour aller plus vite. La GT-R critiqué encore et encore tel l’épouvantail digital pourfendeur de l’émotion automobile et des sensations authentiques est, dans les faits, beaucoup plus complexe, sculptant une personnalité aux multiples visages à mesure que le tracé et le degré d’intensité de la conduite augmente.

A un rythme modeste, le souffle bas et sourd du Turbo fait pièce à l’équilibre absolu de l’auto qui absorbe, avale son environnement sans cligner des yeux comme la grosse à bête à sang froid qu’elle incarne avec aisance. Mais passée la vitesse de la lumière, une autre créature se révèle : plissant ses projecteurs au xénon pour mieux voir le ruban d’asphalte et anticiper les pièges et dévers, la GT-R se ramasse sur elle même et contracte avec souplesse son impressionnante musculature, pareille à une sorte de monumental guépard, conservant sa courte encolure parfaitement droite au beau milieu d’une course effrénée. Cette sensation est étonnante, il semble que l’on chevauche un animal partageant le même désir que soi, focalisant son regard au même endroit, cherchant chaque seconde à parfaire ses appuis, requérant de chacune de ses extrémités une adhérence inouïe, et s’extrayant avec rage de chaque virage. L’expérience de la GT-R à la limite instille un plaisir familier dans une supersportive mais accru du sentiment de travailler en équipe.

On ne dompte pas la GT-R, on apprend à développer un tandem avec elle. Sur route ouverte, plus que jamais, et pour me complaire dans une abstraction que j’aime partager avec mon entourage : je ne vois pas quelle voiture me rassurerait si je devais impérativement échapper à un poursuivant en GT-R. Rien ne me vient à l’esprit, aucun mythe passé ou à venir ne me semble paré pour un tel exercice… cela dit j’attends vos suggestions. 

Un grand merci à Thomas Martinez, chef de groupe véhicules neufs chez Nissan pour cet essai improvisé. L’homme est passionné et possède chose rare, les compétences nécessaires pour convertir les plus retors à la magie de cette muse démoniaque…
* la Nissan GT-R bleue qui illustre l’article est  en réalité la version 2011 (le bleu étant la couleur de lancement du dit modèle). La version blanche est bel et bien le cru de l’année photographiée par nos soins.  les deux derniers millésimes ne présentent pas de différences esthétiques connues.

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