C’Yusha, attention Miracle : Les mots feront trembler les mûrs comme jamais et de mémoire on n’aura vu de plus savante et intense tribune au soutien d’une table, d’un faiseur de mets, d’un séraphin troquant les ailes célestes pour des instruments de magie !!!
Vu l’impuissance des superlatifs à réveiller nos esprits endoloris, face à Jack Ryan et la Crise au Mali, je m’en va vous réjouir de mots doux et de promesses gourmandes, vous farcir de rêves trop beaux et de béates provendes… Allez ! Revenons sur Terre ! Moi surtout, qui trépigne littéralement dans une transe continue depuis ce déjeuner ahurissant au C’Yusha à Bordeaux au beau milieu d’une journée grise et avare de promesses.
Ce Restaurant, promis à devenir lieu de culte abrite un trésor en la personne de son Chef, Pierrick Celibert. Ce dernier, après avoir fait son chemin auprès de monuments tels Bernard Loiseau, Alain Ducasse, ou plus près de nous Jean-Pierre Xiradakis, créé ici son propre établissement et c’est peu de dire que l’indépendance réussit à son talent… Pour ceux qui ont pratiqué la rue Ausone de longue date, les Plaisirs et Jardin du même nom sont les enseignes qui ont précédé le C’Yusha. Hormis la localisation, ce que vous trouverez là-bas est entièrement nouveau au point qu’il faut exercer sur sa mémoire une contrainte d’une formidable magnitude pour parvenir à en extraire les bribes d’un passé révolu.
Nous ne sommes pas pour autant dans une variation du « Gouts de Luxe » d’Emmanuel Rubin, mais dans un restaurant bien réel au caractère trempé et à la personnalité unique. Pierrick Célibert façonne des associations lumineuses, pour tout dire éblouissantes, en additionnant à la maitrise une science acrobatique du végétal à l’instar de sa feuille d’huître qui n’a jamais vu la mer mais raconte à l’océan dans un beurre maison « juste ultime !!! ».[two_third]
« Ça ne va pas changer l’ordre des choses au sein duquel prévalent les sauts de Mojitos et les Vodka Redbull mais pour une fraction de ces dérives alcooliques, il est désormais possible de vivre une expérience édifiante qui élargira votre horizon, et par voie de conséquence celui du monde, puisque le monde c’est vous. »
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S’il possède une subtile consonance orientale de par son nom, le C’Yusha est l’affectueuse association de Célibert et du prénom des deux filles du chef. Sur la table, aucune équivoque, ce n’est pas une route semée de préconceptions que l’on parcourt mais une idée vivante, une île luxuriante que l’on arpente avec avidité. En un dîner et un déjeuner, j’ai pu admirer deux paysages très différents, deux perspectives saisissantes autant que distinctes qui témoignent d’une habileté à alterner entre simplicité et élaboration extrême. De la Blanquette de Veau qu’on ne révolutionne pas mais que l’on quintessencie, un peu comme le ferait un Yquem d’un Sauterne, à l’embeurré de choux chinois à l’huile de truffe en passant par le Bar de Ligne de Saint-Jean de Luz mi-fumé au bois d’inde… c’est une odyssée trépidante à la hauteur d’un script de Peter Jackson.
Jeter un œil à la carte, écoutez qui vous voudrez, mais ne passez pas à côté de ce cadeau… Bien sûr que ça va faire hurler un peu tout le monde (surtout ceux qui ne m’intéressent pas d’ailleurs), mais il faut pour parachever cette dithyrambe préciser que le chef dispense sa magie pour un prix réellement dérisoire. Tout le monde s’accorde à dire que les restaurant ont doublé leur prix en une dizaine d’années et que l’on frôle le ridicule avec des ardoises qui grimpent très, trop vite, désormais presque partout ; Le C’Yusha affiche un menu à 33 euros que je tiens pour l’une de mes plus grandes expériences gastronomiques, rien que ça.
Le Vin est au diapason, invité choisi, sobre et précis d’un moment de grâce, là encore raisonnablement tarifé… Ça ne va pas changer l’ordre des choses au sein duquel prévalent les sauts de Mojitos et les Vodka Redbull mais pour une fraction de ces dérives alcooliques, il est désormais possible de vivre une expérience édifiante qui élargira votre horizon, et par voie de conséquence celui du monde, puisque le monde c’est vous.
Extrait Choisi : Menu du jour du mercredi 6 février 2013
Velouté de Courge Galeuse d’Eysine en cappucino de Chataîgne et huile de truffe.
Risotto Carnaroli noix de pétoncle sauce Yuzu
Fruit du mendiant, poire, pomme caramélisées sucre Muscovado en crumble, espuma Chocolat Blanc.
Accompagnement/ les deux beurres de Monsieur Bordier, au Piment d’Espelette et Yuzu, et le Beurre à la feuille d’huître végétale de Mr Hugues le Lieux (Assemblage du Chef)
12 Rue Ausone 33000 Bordeaux
05 56 69 89 70
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