Le hobbit : “un voyage inattendu” : Peter Jackson aux prises avec sa géniale progéniture.

Le Hobbit n’a pas manqué son rendez-vous avec le public et surtout pas avec la critique, déchirée par ce récit prodigieux aux proportions uniques, préquelle (récit se situant avant une histoire déjà racontée ou mise en scène) du Seigneur des Anneaux. Peter Jackson a-t-il eu raison de remettre le couvert ?

Le hobbit « un voyage inattendu » est le premier chapitre de la nouvelle trilogie de Peter Jackson, 10 ans après celle du Seigneur des Anneaux. Si vous venez d’une autre planète,que vous avez été piégé dans une crevasse en Antarctique durant une période équivalente, ou que vous œuvrez en tant que commissaire au plan en Corée du Nord,  il y a fort à parier que vous êtes néanmoins familier du Seigneur des Anneaux.

L’œuvre de Tolkien magiquement retranscrit au cinéma par le Néo-Zélandais est l’une productions les plus incontournables de son temps et constitue peut être l’un des rares exemples de sublimation de la création d’un auteur.

Petit rappel entre amis pour éclairer le lecteur de cet article vis à vis de l’importance et du poids de l’ascendance d’ « un voyage inattendu ». Le Hobbit est lesté par le succès et l’aura d’excellence du Seigneur des Anneaux à un degré qu’il est impossible d’ignorer.Oui l’attente, celle-là même qui fera d’une façon ou d’une autre la réussite de ce « Hobbit » était immense, mais également et surtout, colorée de la certitude de sa propre consomption annoncée. Bref Jackson ne pouvait pas l’emporter sur la prédiction d’un échec, quasi nécessaire à l’exaltation mystique de la première trilogie, devenue par là même son meilleur ennemi.

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« Jackson ne pouvait pas l’emporter sur la prédiction d’un échec, quasi nécessaire à l’exaltation mystique de la première trilogie, devenue par là même son meilleur ennemi. »

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Cela étant posé, que faut-il ou plutôt que peut-on prétendre s’autoriser à penser de ce film ? Je  ne puis écrire que ce j’en ai perçu en essayant tant bien que mal de me défaire de tout ce que je pouvais espérer, de tout le mal que j’en avais lu et entendu…  Pas de long suspense, le film m’a à vrai dire, touché, et j’ai retrouvé la grâce d’une histoire beaucoup plus enfantine et légère que le seigneur des Anneaux, conforme au souvenir que j’ai de la lecture du livre de Tolkien à mes 11 ans.

Jackson a eu l’intelligence et la force de caractère de concentrer son énergie à exalter la fresque de Tolkien ainsi qu’il l’avait déjà fait auparavant, de respecter et d’explorer avec gourmandise l’univers merveilleux qu’il avait créé pour le Seigneur des Anneaux. [/three_fifth_last] Il a gagné son pari pour une raison simple mais au final assez révélatrice : la critique s’est en effet concentré sur la disproportion entre le volume des œuvres à l’origine de la première et de la nouvelle trilogie d’une part, et sur les faux airs de making of du Seigneur des Anneaux que revêt potentiellement « the Hobbit » d’autre part : mais chose assez inhabituelle, jamais l’ouvrage « Bilbo the Hobbit » lui-même n’est invoqué à l’appui des réserves ou des critiques. Jackson s’est tellement approprié ou plutôt a tellement assimilé la Terre du Milieu, que c’est à l’aune de son propre travail, de sa propre création que l’on confronte ce nouvel avatar.

Aurait-il tenté le contraire et fait le pari fou de surenchérir, de vouloir situer le « hobbit » sur une échelle du plus et du moins, il aurait déchu instantanément et trahi d’un seul et même coup son travail et la création de Tolkien.  Je m’avancerai sur un seul point, les autres aspects de cette chronique relevant plus de la conjecture ou du débat que d’une revue véritable : la critique fait un très mauvais procès à Peter Jackson en faisant valoir un recours grossier à la technique face à ce qu’elle envisage comme un manque de fond. Le réalisateur Néo-Zélandais s’appuie sur le savoir-faire de son époque, lequel a nécessairement fait un bond conséquent depuis 2001 : en l’occurrence, il le met au service de son récit, par surcroît, avec une relative sobriété, notamment en comparaison de certaines scènes de bataille du « Retour du Roi » aussi épiques qu’indigestes, with all due respect naturellement.

 

[one_half]Quand on est l’instrument d’une parturition aussi divine que celle du Seigneur des Anneaux, il semblerait que la stérilité, ou une retraite volontaire loin du théâtre de ses exploits soit la seule issue acceptable.
Peter Jackson a refusé de mourir de son vivant, et après le visionnage de son film, on peut l’en remercier.[/one_half][one_half_last]peter-jackson[/one_half_last]


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