JAMES WEBB, le télescope spatial qui voyait « presque » trop bien.

Le telescope spatial James Webb lancé le 25 décembre 2021 est le successeur de Hubble. Sa mission, rechercher de nouvelles formes de vie, de nouvelles civilisations, et fièrement regarder là où nul n’est homme n’est allé…?! Non, mais presque. D’ailleurs le télescope a instantanément produit des captures qui troublent sinon ébranlent la compréhension que nous avons de l’univers et de son origine. Certaines découvertes sont si inattendues qu’elles ont exposé pour la première fois l’astrophysique à des polémiques qui fragilisent le front habituellement uni de la discipline. 

La mission de James Webb : projeter son regard par delà les limites de l’univers en se concentrant sur les plus grandes longueurs d’ondes. Bien que James Webb soit apte à observer dans le visible (de 600nm à 28µm), ses capacités et ses instruments se dédient à l’infrarouge. Ses immenses miroirs notamment autour de sa colonne centrale de 6,5m (3x la taille de Hubble) promettent de repousser les limites de nos observations dans l’espace et dans le temps, de mieux comprendre les premiers âges de l’univers, la formation des trous noirs et des Galaxies, d’observer directement des exoplanètes et de glaner des indices décisifs sur la mystérieuse énergie noire.. Des ambitions aux proportions formidables, presque exagérées… Pourtant, sitôt opérationnel, JWST de son petit nom a instantanément bombardé la communauté scientifiques d’observations qui excèdent de très loin les attentes les plus folles, allant jusqu’à bouleverser nos certitudes sur le Big Bang et le déroulé de l’univers primitif. 

Des Galaxies précoces un peu trop mâtures… 

La première et principale surprise vient de l’observation de Galaxies auparavant impossibles et pour cause. L’infrarouge consiste dans un segment de longueurs d’ondes qui correspondent à la limite extrême du niveau d’énergie de la lumière. Dans le cas des limites de l’univers visible, c’est à dire l’horizon des événements pour nous qui sommes habitants de la voie lactées, James Webb nous permet précisément de “repousser”  ses limites, en améliorant et en démultipliant les informations que nous adressent ces lointaines frontières. situées à 36 Milliards d’années lumières soit une distance qui échappe à notre appréhension des distances. Nous sommes au centre de notre univers, comme toute chose est au centre du sien : Pourquoi ? parce que l’univers est en expansion et que cette expansion se produit partout et dans toutes les directions. L’image employé par les astrophysiciens, c’est celle d’un immense cake que l’on aurait mis à cuire. Celui-ci parsemé d’éclat d’amandes grossit de telle sorte que chacune de ces fractions s’éloigne des autres en proportion de la distance qui les sépare et ainsi de suite. Lorsque l’on a compris cela, on commence à saisir la notion d’univers local et pourquoi l’univers visible n’est qu’une toute petite partie de l’univers, sans exclure la possibilité qu’il soit infini.  

Pourquoi ces limites et qu’est-ce que l’horizon des événements ?

Cette notion est à l’origine employée pour décrire la limite extrême d’un trou noir dans le périmètre de laquelle, la lumière elle-même ne peut s’échapper. Dans le cas de l’univers, c’est assez différent puisque c’est la distance à partir de laquelle par l’expansion de l’univers, les objets s’éloignent à  une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière. Celle-ci reste indépassable mais ici c’est l’espace qui se dilate, et les vitesses s’additionnent donc au fur et à mesure. Lorsqu’un objet est très éloigné de nous, il se produit un phénomène que l’on appelle red shifting ou inflexion vers le rouge : la distance couplée à l’expansion mettent la lumière à rude épreuve avec pour effet d’allonger sa longueur d’onde. Ce faible niveau d’énergie (l’énergie de la lumière est inversement proportionnelle à sa longueur d’onde)  suppose de regarder et d’observer dans le spectre infrarouge, discipline dans laquelle JWST a été conçu pour exceller.

Hubble avait permi d’identifier de façon très approximative des objets extrêmement distants dont nous pensions qu’ils étaient situés dans l’ourlet extrême de notre univers local. On savait que James Webb permettrait de voir bien plus précisément et de mieux comprendre leur configuration correspondant aussi à leur âge très avancé proches de celui de l’univers (13,1 milliards d’années). 

Cette image publiée par la NASA le 12 juillet 2022, prise par le télescope spatial James Webb (JWST),

0.1 secondes d’arc.

Soit 1/36000 de degré d’Angle.. ou 1/12000 000 ème du ciel sur un seul axe… Je vous ai perdu ? On le serait à moins, les chiffres sont suffocants, cela signifie que chaque cliché de Webb est capable de révéler avec une définition d’environ 2000 x 2000px une fraction de moins d’un millième de Milliardième du ciel. Rapporté à la lune qui couvre environ un demi degré d’angle, cela signifie qu’en Imaginant que JWST soit sur Terre et oriente ses optiques vers la Lune, un de ses clichés couvrirait une surface correspondant à 200m sur 200m soit un pixel pour 10cm…

Quand la HD puis le Full HD se sont répandus, on a soudain réalisé que toutes ces informations supplémentaires n’étaient pas toujours flatteuses. Comparaison précaire dont je vous laisse juge  mais qui d’une certaine façon me rappelle notre télescope prodige. Certes, James Webb a pu nous transmettre instantanément des clichés incroyablement précis de ces galaxies mais tout ce qu’il a observé a mis en évidence des décalages plus ou moins importants par rapport à ce qui était attendu. Censément à peine adolescentes, ces galaxies présentent pour la plupart des disques spiraux formés et sont habitées d’étoiles matures elles-aussi. La conclusion est inéluctable : elles paraissent s’être formées avant le moment où nous situons le BIG BANG. Naturellement ces observations se sont accompagnées de la détection de nouveaux objets encore plus lointains, au-delà même des 40 milliards d’années lumières et en contradiction avec tout ce que nous présupposions. Ne concluons pas trop vite, la controverse fait rage et l’on est très loin de pouvoir statuer sur un potentiel réajustement de nos connaissances. De nombreux astrophysiciens rappellent la communauté à la raison, mais l’excitation est très forte et cela faisait longtemps qu’autant de bouleversements ne s’étaient succédés à un tel rythme. 

Il semble en parallèle que certains réglages et calibrages du télescope soient en cause qui pourraient expliquer ces anomalies. Beaucoup de tests, d’analyses et d’observations complémentaires doivent être réalisées avant que l’on sache si ce grand chambard fera long feu. 

Les implications ?

Poussons néanmoins la spéculation et examinons les conséquences pour les théories de l’univers si ces observations étaient confirmées.  Cela reviendrait à remettre en question le principe même du Big Bang. Notre perception de l’univers cesserait d’être corrélée à une limite temporelle comme nous le pensons aujourd’hui. Il serait de fait plus vieux que nous le supposons et ses dimensions 

potentiellement infinies. 

Il est possible d’imaginer le contraire en conservant l’idée d’un moment primordial et de conclure que l’univers n’est pas aussi grand que nous le pensons  dès lors que nous pouvons voir des galaxies à l’extrémité de l’univers observable. Une autre possibilité est que l’univers s’étende plus rapidement que nous le pensions. suggérant des galaxies situées à l’extrémité de l’univers observable s’éloignant de nous plus rapidement que nous le pensions (et donc plus jeunes)… 

the James Webb telescope falling in the firing eye of Sauron strong as a black hole (vue d’artiste KEATSLAB pour BSS)

Le Cas GLZ 13 

GLASS-z13 est une galaxie extrêmement lointaine qui a été découverte grâce au télescope spatial James Webb. Cette galaxie est l’une des plus anciennes à avoir été découvertes, datant de seulement 329,8 millions d’années après le Big Bang. GLASS-z13 a un décalage vers le rouge estimé à environ z = 13,1, ce qui signifie qu’elle est située très loin de la Terre. En raison de l’expansion de l’univers, GLASS-z13 a actuellement une distance propre de 33,205 milliards d’années-lumière de notre planète. 

Son observation pour la première fois par James Webb en Juillet 2012 a donné lieu à des interprétations contradictoires portant même certains à suggérer que la théorie du Big Bang était potentiellement questionnée par sa découverte ( ainsi que GLZ-11)

Tout commence par un article dans le magazine Nature dans lequel Allison Kirkpatrick, astrophysicienne à l’université du Kansas explique comment les observations du nouveau télescope nuance et complexifie les prédictinos sur la formation des galaxies. Alors, Eric Lerner un chercheur rédige un article affirmant que les observations de JWST réfutent  le Big Bang. C’est l’emballement, et des sites d’information grand public reprennent massivement son article qui déforme largement les dires du Professeur Kirkpatrick. Elle reçoit alors un message texte d’un ami lui indiquant que l’article était partagé sur les médias sociaux. Elle avait oublié une citation utilisée hors contexte pour suggérer qu’elle paniquait à propos de la théorie du Big Bang.

Bien que ses proches n’aient jamais douté de la déformation de ses propos, des connaissances plus éloignées ont commencé à la contacter, lui demandant si elle avait vraiment dit cela et mettant même en doute sa santé mentale, tandis que les mails s’accumulaient en réaction ne faisant que grossir la quantité de gens le croyant sans se questionner le moins du monde. 

L’astrophysique victime à son tour des mensonges de la déformation des faits.

Il est difficile d’atteindre les négateurs de la science car ils se méfient de ce que leur disent les experts ou les figures d’autorité. Cependant, c’est une erreur de ne pas leur répondre car à défaut, ils sont portés à recruter d’autres croyants. Les seules personnes qui ont jamais changé d’avis sont celles dont une personne de confiance a pris le temps de leur faire comprendre qu’elles se trompaient. Les astronomes sont capables de dialoguer avec le public et de donner un visage humain à la science, ce qui est plus difficile pour les chercheurs dans d’autres domaines scientifiques explique Allison Kirkpatrick. 

A doubtful man ponders a flat earth – Keatslabs, BSS 2022.

Comprendre La “science”du Déni avec les adeptes de la “Terre Plate”

Lee McIntyre, philosophe des sciences à l’université de Boston, a écrit un livre intitulé « How to Talk to a Science Denier ». M. McIntyre a passé plusieurs jours à discuter avec des croyants lors d’une convention sur la Terre plate et en est revenu avec une meilleure compréhension des méthodes utilisées par les négateurs de la science, quel que soit le sujet abordé. La première étape du déni scientifique consiste à sélectionner les preuves en ignorant celles qui ne soutiennent pas leurs croyances. Il y a ensuite la croyance enracinée d’un complot secret pour tromper le public. Troisièmement, ils s’engagent dans un raisonnement illogique, c’est-à-dire qu’ils proposent une explication qui n’a aucun sens. Quatrièmement, ils s’appuient sur de faux experts et dénigrent les vrais experts. Cinquièmement, ils insistent sur le fait que la science doit être parfaite pour être crédible. Ce sont les cinq étapes que McIntyre a extraites de ses recherches à la convention sur la Terre plate.

JSWT tient toutes ses promesses et comme espéré, il nous fait progresser à coups de mini-séismes dont les retentissements trahissent la fébrilité des temps. Cela ne doit pas nous priver du juste émerveillement face au génie humain engagé sur la route des étoiles et l’insondable magie qui nous tend les bras à travers le temps et l’espace. La science est le plus bel hommage rendu par l’homme au théâtre de son existence ; nos théories sont appelées à être contenues par de nouvelles qui les prolongeront tout comme la relativité a embrassé la théorie Newtonienne en la portant à une échelle entièrement nouvelle.

Variation sur le thème du Baloomsy detector de Carl Sagan, voici un ensemble de principes à adopter pour éviter d’adhérer trop vite à une opinion quelle qu’elle soit. 

1. Vérifiez la source – provient-elle d’une source réputée telle qu’une revue évaluée par des pairs ou un site d’information grand public ?

2. Qualifications – l’auteur est-il membre d’une université ou d’une institution réputée, ou est-il un chercheur indépendant sans accréditation ?

3. Qui d’autre est d’accord – pouvez-vous trouver d’autres experts accrédités d’institutions traditionnelles qui sont d’accord, ou au moins fournissent une certaine validité ?

4. Références – l’auteur a-t-il fait ses recherches et cité d’autres recherches crédibles pour étayer ses résultats ?

5. Suivez la logique : l’auteur ne fait-il qu’une sélection de preuves, laissant de côté certains éléments pour les adapter à son récit ?

6. Devenez un expert – si tout échoue et que vous n’êtes toujours pas sûr, lisez un peu sur le sujet pour vous assurer que vous n’êtes pas trompé.

PUROSANGUE : Realpolitik.

Nouvelle Purosangue, le 1er SUV par Ferrari.

Avec La Purosangue tout juste révélée, Ferrari nous confronte à des questions auxquelles nous nous attendions depuis plus de deux décennies : le premier SUV siglé d’un cheval cabré. Chaque fois qu’une marque sportive, à commencer par Porsche, a lancé un Véhicule Utilitaire Sportif (;), les mêmes voix se sont fait entendre pour dénoncer ce qui relevait du crime de lèse-majesté. Pourtant, peu de temps après la sortie du Cayenne en 2003, du Lamborghini Urus, puis de la Bentley Bentayga, ou de Alfa Romeo avec son Stelvio, les oracles ont vite remisé leurs prédictions pour célébrer ce que le destin avait scellé. Pour le dire simplement, toute la presse spécialisée, tous les érudits de la chose automobile ont échoué à anticiper le succès d’un concept dont la Purosangue n’est que la dernière désinence. 

”Piece of Juke“ ?

Parlons d’abord de la première rencontre et de l’émotion que produit cette toute première Ferrari toute en jambes. Eh bien, plutôt favorable à vrai dire ; cette PUROSANGUE  n’est pas laide, ni indigne, elle est plutôt même dans la veine de ces sœurs. Si l’on aime ces dernières, on retrouvera des marqueurs forts des dernières générations de Berlinettes, des gros bouts de Roma, de Lusso par ici, de 296 GTB par là. On retrouve incontestablement  l’identité stylistique dans laquelle Ferrari s’inscrit depuis un moment. Pas de raisons de défaillir. À l’inverse, si la mouvance “Gundam” vous défrise, elle affleure toujours. Au final, la question du style appartient à tous et à personne, et sur ce chapitre, le SUV de Maranello ne trébuche pas mais ne transcende pas le genre. Une seule chose s’impose cependant, c’est cet arrière aux accents de Nissan Juke : cette mention ne vaut pas infamie, loin s’en faut, mais elle paraît criante. 

La Purosangue Ferrari et ses faux airs de Nissan JUke

“Pin-up Cars”

Sur un marché et dans un écosystème toujours à l’affût des gossips et où les réputations se défont à la vitesse des nouveaux modèles chassant la mode de la veille, la moindre faiblesse peut devenir une tare définitive. Sa poupe aux saveurs orientales ne sera sans doute pas suffisante pour empêcher la Purosangue de faire son chemin, mais elles seront nombreuses ces sportives XXL à lui faire de l’ombre.

Quand Beyond the speed of Spirit apparaissait il y a plus de dix ans, nous avions l’ambition de renouveler la façon de penser et de dire l’automobile. Nous avions raison sur la dimension organique et spectaculaire qui n’a cessé de s’amplifier depuis lors, au point peut-être de supplanter tout le reste… Mais nous avons eu tort aussi, peut-être pas de façon flagrante mais en nous laissant aller à rejoindre la mêlée des predicants, des doctrinaires… Comme si nous possédions une forme de vérité ou si ces sujets obéissaient à des lois. 

Dans le cas de la Puresangue, cela signifierait participer à un débat sans fin sur le bien-fondé d’un tel véhicule et remonter vingt ans en arrière pour rejouer la pièce fameuse du “The Porsche Cayenne: An Unexpected Success Story ».

Concrètement

Alors plutôt que de prétendre à donner un avis sur la PUROSANGUE sans l’avoir touchée, sans l’avoir conduite assez longtemps pour devenir proches, convions les éléments factuels dont nous disposons déjà ; 2033 kgs au mieux, mais sans doute plus proche de 2200 kgs, 725ch, le V12 revu et corrigé de feu l’Enzo, le châssis de la Lusso et une technologie de stabilisation de l’assiette semble-t-il bluffante, tout cela pour 390 000€ à la pesée. 

Difficile d’en conclure grand chose sinon une inflation accélérée du prix des voitures de prestige avec la certitude pour elles de trouver acquéreurs quoi qu’il en soit, pour peu que le blason soit à la hauteur des prétentions financières. N’y voyez pas de jugement ou de relent moraliste, mais cette dérive est essentiellement liée à une recrudescence du nombre des clients potentiels dans cette gamme de prix. Les tarifs s’accroissent non plus seulement en proportion des qualités des véhicules mais de la capacité des marques de luxe à les produire tout en préservant leur exclusivité. Le nombre des candidats à une Purosangue à 200K€ dépasse vraisemblablement de loin les capacités de Ferrari à les produire.. La Marque perdrait donc doublement à la tarifer de la sorte. 

La Purosangue n’est qu’un prétexte à une question plus fondamentale, la magie est-elle en danger, la fascination pour l’automobile est-elle réellement compatible avec une course courue dans une unique direction ?

Red Hippotamus

C’est peut-être cet étrange état de fait qui est le plus intéressant dans l’histoire. Non pas juger mais comprendre les rouages d’un marché qui ne repose pas sur les mêmes valeurs. 

Autrefois une Ferrari Daytona ou une 512BB, une Porsche 911 Turbo, une DeTomaso Pantera appliquaient à leurs prétendants une sélection bien plus que financière. Pour accéder à de tels automobiles, il fallait l’argent, l’audace, le pilotage (ou l’humilité) être capable de se moquer du regard des autres, affronter l’inconfort, la rudesse voire la méchanceté de ces voitures. Dans les années 80, je crois que tous, nous voyions plus qu’une voiture lorsque nous croisions une Ferrari ou une Porsche qui étaient alors bien plus rares. Il y avait quelque chose d’épique et d’héroïque dans le fait de posséder et de conduire ces manifestes d’un certain art de vivre. 

Des 30000 véhicules que  produisaient Porsche, Ferrari et Lamborghini en 1985, la somme cumulée en 2020 dépasse les 200 000… c’est sans compter les autres marques dont le volume a explosé sur ce segment. De l’Audi R8 à la Jaguar Type-F, des dizaines de milliers de voitures aux performances stratosphériques s’ajoutent à ce chiffre. 

La Purosangue n’est qu’un prétexte à une question plus fondamentale, la magie est-elle en danger, la fascination pour l’automobile est-elle réellement compatible avec une course courue dans une unique direction ? Plus de puissance, plus de luxe, plus de poids et près de 530€ par cheval dans le cas de la Purosangue nous assurent-ils plus de plaisir ? Je ne le crois pas. 

Sans surprise, la copie remise par Ferrari est sans défaut rédhibitoire, sans éclat particulier. La seule excitation réside peut-être dans le cran du cheval cabré et l’audace de l’afficher à deux fois ou presque le tarif d’un Lamborghini Urus Performante (390000€ et 217000€). Le plaisir sera là, les performances aussi, la finition sans doute à l’abri des conjectures mais pouvait-on attendre moins ? Les sportives et les chiffres délirants qu’elle égrènent invariablement trouvent un nouveau paroxysme avec la Purosangue. Des voitures “normales” dont la folie intrinsèque est éteinte sous d’épaisses couches de poids, de cuir, d’assistances diverses mais plus encore par l’absence de conséquences allant avec leur usage : la voiture de sport est devenue une propriété comme les autres, et non plus un acte ou une idée en route. 

Cancel culture, vérité 2.0, les faits à l’agonie face à la conjuration des ignorances.

 

La science, la connaissance et le rapport que nous entretenons avec la vérité ne vivent pas la période la plus propice de notre histoire récente. Le sursaut des fondamentalismes dans toutes les aires de notre société complique encore le dialogue entre les communautés, qu’elles soient scientifiques, spirituelles, ethniques ou sexuelles. La radicalité devenue le maître mot des échanges a évincé la culture du débat et le souci n’est plus tant de chercher la vérité mais de dissuader quiconque de venir questionner nos propres convictions. 

 

Au commencement était la contradiction.

La vérité telle que l’on nous l’a apprise et enseignée est le produit de perspectives et de préoccupations qu’il nous faut confronter les unes aux autres afin qu’elles produisent ensemble quelque chose de nouveau. Théorie, pratique et examen des fins dernières ou du sens ultime de ce que nous examinons, enjeux et exigences particulières de nos modèles de recherche, façonnent des raisonnements eux-mêmes parents de nos oppositions et de nos désaccords. 

Ce galimatia pour parvenir à un constat : nous avons déserté ou abandonné, oublié peut-être le 1er commandement dans la recherche de la vérité : celui qui nous commande de rechercher, priser, et même chérir l’objection. Quoi que ce soit que nous croyons, plus encore si nous y attachons une émotion, est susceptible d’être réfuté, infirmé. 

“La tolérance atteindra un tel niveau que

les gens intelligents seront interdits de penser

pour ne pas offenser les imbéciles.”

Dostoievski

the fine art of Baloney detection, ou le kit de détection des sornettes et balivernes.

Dans son livre “The Demon-Haunted World: Science as a Candle in the Dark.”, Carl Sagan, astrophysicien et philosophe dont la hauteur de vue et la pédagogie ont marqué notre temps, consacrait un chapitre à l’art subtile de la détection des Balivernes. Devenu “Balooney detection kit”, cet appareillage théorique est une sorte de check list exigeante qui énumère les examens et les contraintes auxquelles nous devons soumettre nos propres théories, aussi vraies et souhaitables qu’elles pourraient nous paraître.

Il comprend une liste de sophismes et de préjugés afin de nous aider à détecter et à éviter les arguments fallacieux qu’ils soient basés sur de fausses prémisses, la manipulation émotionnelle, la sélection des preuves, ou la croyance forcenée même quand elle est contredite par des preuves.

“Ce kit de détection des balivernes n’est pas un simple outil scientifique. Il contient plutôt des outils inestimables de scepticisme sain qui s’appliquent tout aussi élégamment, et tout aussi nécessairement, à la vie quotidienne.” Carl Sagan.

Dans la mesure du possible, il doit y avoir une confirmation indépendante des « faits”.

Encouragez un débat de fond sur les preuves par des partisans bien informés de tous les points de vue.

  1. Les arguments d’autorité ont peu de poids – les « autorités » ont commis des erreurs dans le passé. Elles le feront à nouveau à l’avenir. Une meilleure façon de le dire est peut-être qu’en science, il n’y a pas d’autorités ; tout au plus, il y a des experts.

  2. Faites tourner plus d’une hypothèse. S’il y a quelque chose à expliquer, pensez à toutes les façons possibles de l’expliquer. Puis pensez à des tests qui vous permettraient de réfuter systématiquement chacune des alternatives. Ce qui survit, l’hypothèse qui résiste à la réfutation dans cette sélection darwinienne parmi les « multiples hypothèses de travail », a beaucoup plus de chances d’être la bonne réponse que si vous vous étiez contenté de suivre la première idée qui vous a séduit.

  3. Essayez de ne pas trop vous attacher à une hypothèse simplement parce que c’est la vôtre. Ce n’est qu’une étape dans la poursuite de la connaissance. Demandez-vous pourquoi vous aimez cette idée. Comparez-la équitablement avec les autres possibilités. Voyez si vous pouvez trouver des raisons de la rejeter. Si vous ne le faites pas, d’autres le feront.

  4. Quantifiez. Si ce que vous expliquez est assorti d’une certaine mesure, d’une quantité numérique, vous serez bien plus à même de distinguer les hypothèses concurrentes. Ce qui est vague et qualitatif est ouvert à de nombreuses explications. Bien sûr, il y a des vérités à rechercher dans les nombreuses questions qualitatives que nous sommes obligés d’affronter, mais les trouver est plus difficile.

  5. S’il y a une chaîne d’arguments, chaque maillon de la chaîne doit fonctionner (y compris la prémisse) – et pas seulement la plupart d’entre eux.

  6. Le rasoir d’Occam. Cette règle pratique nous incite, lorsque nous sommes confrontés à deux hypothèses qui expliquent aussi bien l’une que l’autre les données, à choisir la plus simple.

  7. Il faut toujours se demander si l’hypothèse peut être, au moins en principe, falsifiée. Les propositions non testables, non falsifiables, ne valent pas grand-chose. Prenons l’exemple de la grande idée selon laquelle notre Univers et tout ce qu’il contient ne sont qu’une particule élémentaire – un électron, par exemple – dans un Cosmos beaucoup plus vaste. Mais si nous ne pouvons jamais acquérir d’informations en dehors de notre Univers, l’idée n’est-elle pas impossible à réfuter ? Il faut pouvoir vérifier les affirmations. Les sceptiques invétérés doivent avoir la possibilité de suivre votre raisonnement, de reproduire vos expériences et de voir s’ils obtiennent le même résultat.
CARL SAGAN art inspired by Baloney Kit. BSS©

D’autres intellectuels contribuent ou ont œuvré à tempérer nos passions et à rechercher la vérité plutôt que de nous attacher à ce qui nous conforte dans nos croyances. Richard Dawkins, biologiste évolutionniste n’a cessé de soutenir l’importance de la science et de la raison critiquant ouvertement la religion en tant qu’un obstacle au progrès scientifique, mais également Stephen Jay Gould paléontologue, biologiste et historien des sciences américain. scientifique parmi  les plus influents et les plus lus de son temps qui a de même significativement influencé les esprits. 

D’autres tels, Noam Chomsky, linguiste, philosophe et activiste, a défendu avec véhémence la liberté d’expression et largement critiqué le gouvernement américain prophétisant son déclin et l’incapacité des pouvoirs à en saisir l’absolu nécessité. 

l’écologie et l’énergie au cœur d’une guerre idéologique

De nombreux intellectuels et environnementalistes refusent le dogme décliniste qui s’est imposé comme la lecture dominante dans le traitement du réchauffement climatique. Michael Shellenberger, notamment, environnementaliste est un auteur américain fondateur d’Environmental Progress, un groupe environnemental pro-nucléaire. En 2004, il a été nommé héros de l’environnement par le Time Magazine puis reçu en 2010 le prestigieux Climate Leadership Award du Climate Reality Project.

La position de M. Shellenberger est que nous devons explorer ce qui est possible en termes de production d’énergie, plutôt que de jeter sans distinction tout ce qui a fonctionné jusqu’à présent au seul motif que ce n’était pas parfait. Il estime que l’énergie nucléaire est une source d’énergie propre, sûre et abordable qui peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à lutter contre le changement climatique. Il a également critiqué avec véhémence les sources d’énergie renouvelables comme le solaire et l’éolien, qui, selon lui, ne sont pas aussi fiables ou rentables que l’énergie nucléaire.

Le Meilleur des Mondes. a gigantic, smoking, threatening and disturbing wind turbine. BSS© KEATSLAB

D’autres auteurs partagent la position pro-nucléaire de Shellenberger tels que James Lovelock, Stewart Brand et Mark Lynas. Lovelock est un environnementaliste et un scientifique britannique, surtout connu pour ses travaux sur l’hypothèse Gaia tandis que Brand, écologiste américain est l’auteur et co-fondateur du très fameux Whole Earth Catalog qui a notamment inspiré Steve Jobs dans sa Jeunesse. Lynas est un écologiste et un auteur britannique qui a beaucoup écrit sur le thème du changement climatique.

Les auteurs à s’opposer à ces thèses, sont également très nombreux. Bill McKibben, Naomi Klein et George Monbiot. McKibben est un écologiste et auteur américain, cofondateur de la campagne 350.org sur le changement climatique tandis que Klein est une auteure et une militante sociale canadienne, surtout connue pour ses travaux sur la mondialisation économique. Journaliste britannique, Monbiot critique ouvertement l’énergie nucléaire au regard des risques qu’elle comporte qu’il juge disproportionnés, cela en contradiction avec les données objectives qui relatent l’exploitation de cette énergie. 

Michael Shellenberger

Si toutes ces opinions émanent d’esprits éminents, il convient néanmoins de souligner la fréquente absence chez leur auteur de connaissances approfondies des données scientifiques supportant notamment la sécurité croissante de l’exploitation des réacteurs nucléaires. Les unités de nouvelles génération résolvent à la fois les problèmes de déchets en réutilisant l’essentiel du Plutonium précédemment créé dans le cœur d’autres réacteurs, mais également le risque de fusion du réacteur qui concentre à lui seul la plupart des critiques et des risques inhérents au fonctionnement d’une centrale nucléaire. Le refroidissement du coeur par du métal liquide se traduit par le scellement automatique de l’ensemble des réactions en cours. La centrale devient instantanément inopérante, mais tout risque d’explosion et de dispersions des matériaux réactifs est simultanément éteint.  De nouvelles générations de Centrales dites à ondes progressives, produisant leur propre combustible pourraient démultiplier nos ressources nucléaires en consommant pour fonctionner les déchets nucléaires préexistants. 

Greta Thunberg impersonating impersonating an avenging god of self-righteousness. Inspired by frank frazetta, keith parkinson and greg rutkowski and aleksandra skiba. BSS©

Ces perspectives et l’ensemble des progrès réalisés par la filière sont largement ignorés des intervenants, avec des répercussions importantes sur la compréhension du grand public et un traitement souvent inadéquates des enjeux par les politiques et donneurs d’ordre. 

Shame on us* (Honte sur nous)

Ce problème également répété dans la lecture du progrès social, du traitement des minorités ethniques et des LGBTQ atteste un rapport à la réalité ou ce qui existe doit s’effacer devant une lecture manichéenne et vengeuse. Le progrès n’a plus de sens : ce qui n’est pas encore advenu est la preuve de notre corruption collective, peu importe le chemin parcouru, ce que nous n’avons pas encore accompli mérite la repentance contrite et de renoncer à se défendre. 

Cette culture de l’indignation, outrecuidante, arbitraire et tyrannique, volontiers despotique, amplifiée par le wokisme et ce que l’on appelle la cancel culture rappelle beaucoup le refus forcené des artistes et des intellectuels de questionner le communisme dans les années 60 et 70 et leur mépris pour leur propre société qui bien qu’imparfaite était infiniment plus ouverte et tolérante que le fantasme socialiste dont ils espéraient si fort l’avènement. 

Cet encouragement au mépris de soi est un autre marqueur des temps très modernes. Peu importe les faits, s’ils ont l’audace de nous contredire, c’est un signe qu’ils sont sans doute falsifiés, produits par l’adversaire et donc sans valeur. 

D’où tu parles ?

Un Autre avatar désastreux de cette abdication s’appelle le positionisme : il consiste à se désintéresser de ce que vous dites pour ne retenir que l’endroit d’où vous parler. La vérité est sans poids lorsqu’elle s’épanche d’une bouche qui n’a pas été dûment accréditée. Les considérations d’un penseur, d’un sociologue qui ne serait pas issue de la même communauté, d’une personne de couleur au sujet d’un individu ressortissant d’une autre ethnie, ou d’un groupe présentant des préférences sexuelles différentes, sont de facto disqualifiées. Ces dérives prospèrent sans que l’on s’en émeuve, pis, les médias et les intellectuels, et de façon général tous ceux dont la notoriété pourrait souffrir d’être prise à partie flattent et amplifient ces susceptibilités… Que la traductrice blanche Marieke Lucas Rijneveld traduise l’œuvre de la poétesse noire Amanda Gorman devient crime de lèse majesté, Tom Hanks se sent obligé de regretter rétrospectivement son rôle d’homosexuel dans Philadelphia et va jusqu’à généraliser sa position en jugeant que « cela n’est plus possible à à juste titre ». Le phénomène est d’autant plus inquiétant que l’on ne peut s’empêcher de soupçonner que l’acteur ait voulu anticiper les revendications des portes paroles LGBTQIA+ exhortant de façon tout à fait spécieuse à la représentation des identités sexuelles par des personnes en étant issues. On vous laisse mesurer la folie littérale et les dérives monstrueuses de la généralisation de ce genre de tyrannie de la pensée.

Bienvenue dans l’ère de la WOKE police

Même Matt Damon pourtant champion de cette nouvelle inquisition trébuche et se voit lapidée par les juges indisputés du bien et du mal ; son crime ? confesser avoir utilisé accidentellement quelques mois auparavant le F-Slur word que les médias américains emploient pour désigner « faggot », équivalent de « tapette » ou « tarlouze », tout en se repentant et en renouvelant son soutien à la communauté LGBT… Mais la mise au pilori ne s’arrête pas là, et lorsqu’il se défend de l’utiliser tout en expliquant que le mot était employé à des usages très différent dans sa jeunesse, la référence à son adolescence enflamme la foule hystérique des justiciers anonymes. Affligeant lorsque l’on connait le parcours de Damon et son soutien à toutes les communautés, son implication philanthropique dans de nombreuses associations et œuvres caritatives, et on en passe. En 2015, l’acteur avait été dénoncé pour avoir refusé de céder aux pression des tenants de la discrimination positives et persister dans le souhait « qu’un metteur en scène ne soit choisit que sur la base de son mérite »… No comment.

MATT DAMON In the crosshairs of the WOKE police. BSS©

“Quelqu’un doit me dire pourquoi ce type semble toujours dans le collimateur des Sachem du politiquement correct « , a déclaré Maher au début de son émission. « C’est un phénomène qui me fascine vraiment, que tous les deux ans, Matt Damon, l’un des gars les plus sympathiques d’Hollywood, avec des références libérales (progressistes) impeccables, doive de nouveau se débattre dans les sables mouvants de la Cancel Culture.

BILL MAHER – REAL TIME with BILL MAHER

Mentionnons néanmoins un dénominateur commun avec un adversaire désigné : la société patriarcale blanche, raciste, misogyne dont les commentaires sur quelques sujets que ce soit sont d’insupportables spasmes à abjurer sur le champ. 

Comment a-t-on pu laisser s’épanouir et prospérer une telle violence symbolique comment un tel aveuglement va-t-il précipiter dans l’opinion publique ? Dans un monde dont la complexité croît exponentiellement, requérant mesure et tempérance, travail d’analyse, compréhension des données, difficile de ne pas s’émouvoir du travestissement systématique des faits, du plaquage d’émotions et de frustrations sur la réalité, de l’inventaire des colères et des rancunes devenus des monnaies de dupes dans la fabrication d’une réalité factice.

Testarossa, comment une voiture a imprégné la sexualité d’une génération.

Dans les années 80, une poupe rouge fendue d’un trait noir a bouleversé les imaginaires et marqué l’enfance, l’adolescence, et les phantasmes de beaucoup d’entre nous. La Testarossa née en 1984 imposait ses formes insensées et voluptueuses, deux mètres de large, près de 400 chevaux, et un glamour qui allait imprégner toute la décennie. Incarnation de la surpuissance et de la démesure, elle instillait en toute chose une dimension éminemment sexuelle que je ne réalise qu’aujourd’hui.

Quand la Ferrari Testarossa sort du bois en 1984, personne ne s’attend alors à une révolution stylistique de cette ampleur. Après plus de 15 ans de berlinettes, qu’il s’agisse de la 308, ou de la 512 Berlinetta, ou même de la Dino, les formes de la « Testa » comme on la résume fréquemment sont une énorme surprise pour ne pas dire le signal d’une rupture définitive avec une époque. Il n’existe sans doute pas dans l’histoire de fracture aussi rapide dans l’esthétisme et le design que dans la séquence 1975-1985. Il suffit pour s’en persuader de comparer une Daytona, parachevant les canons sublimes de la Ferrari des années 50,60 et 70 avec la Testarossa échappée d’une faille dans le continuum spatio-temporelle, moderne cubique et infiniment provocante. Son énorme postérieur reste un classique indépassable qui suscite l’admiration comme l’aversion avec une égale intensité, mais il signale aussi une distorsion dans la vitesse à laquelle le monde évolue en faisant émerger un futur exubérant sous des formes qui brutalisent les classiques et ébranlent les conservatismes. 

Bien sûr, l’enfant que j’étais n’avait cure de toutes ce lexique boursouflé mais il était précisément saisi d’une stupéfaction authentique devant un objet qui concentrait la possibilité de l’extraordinaire, qui incarnait un rêve. Forme ultime de la liberté, ce monstre rouge n’était que force, beauté et invincibilité… Combien de fois n’ai-je pas rêvé, enfant, de descendre d’une Ferrari Testarossa, persuadé que sa présence sublime et olympienne, que son charisme surnaturel se communiquerait à ma petite personne et inspirerait l’amour transi de toutes les filles qui faisaient secrètement battre mon cœur ? 

 

a shiny testarossa speeding through the symbols of eighties. art by studio ghibli and j. c. leyendecker and greg rutkowski and artgerm and aenaluck, portrait, d & d, fantasy, highly detailed, digital painting, headshot, trending on artstation, concept art, sharp focus

Aujourd’hui encore, et en dépit de ses performances surannées, de son intérieur écorché, de la graphie de ses compteurs volée à une calculatrice de supermarché, Aujourd’hui encore, sa présence évoque non pas seulement une voiture de sport, plus une GT à vrai dire (Grand-Tourisme), mais une époque, dont la frénésie, l’outrecuidance et les promesses d’un futur sans limites jettent un voile comparativement bien terne sur notre époque neurasthénique, coupable, suintante de rancune et de mal-être. 

Oui. La Testarossa est l’ode des années 80 à la démesure, à l’infinie confiance de l’homme en lui-même, quitte à piétiner les platebandes du bon-goût et à s’asseoir avec un costume en lin forcément froissé sur les convenances et la sobriété. Écoutez cela, et vous comprendrez mieux ce que j’essaie de vous dire ou de vous rappeler. Même lorsqu’elle n’était pas là, on la cherchait. Mais, la Testarossa, que voulez-vous, prenez trop de place. Notamment à l’affiche de Miami-Vice, sa seule présence à l’écran siphonnait ma matière grise et m’absorbait dans sa contemplation ravie. La série s’en est-elle seulement remise ? 

Oui. La Testarossa est l’ode des années 80 à la démesure, à l’infinie confiance de l’homme en lui-même, quitte à piétiner les platebandes du bon-goût et à s’asseoir … sur les convenances et la sobriété.

Alors quid du sexe ? Concrètement, la période de production de la Testarossa correspond chez moi à la croyance dévote que cette voiture était animée de quelque chose d’implacable auquel nul ne pouvait se soustraire. Un raccourci facile mais délicieux, qu’il serait mal inspiré de ne lire que sous l’angle du pouvoir, de la masculinité et d’un mépris quelconque pour la nature féminine suspecte d’être le jouet de désirs pathétiques… Je nous recommande sur ce sujet de passer moins de temps à feindre la perfection morale pour nous atteler à en honorer les fondations. Cela étant précisé, la Testa, c’était un peu un anneau de pouvoir et je trouvais naturel que chacun y cède. J’avais d’ailleurs rencontré une jeune femme qui en possédait une alors que je n’avais que seize ans, avec pour effet de me la rendre aussi désirable qu’une déesse jouant avec un mortel. Le combo incendiaire avait grillé mon interface et je ressentais pour elle un désir qui n’avait rien de connu, charriant des parfums de peau  et de tonnerre mécanique.

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Voyez, pas de sexisme, l’objet marchait dans les deux sens, la grosse Ferrari était un exhausteur de goût, un accélérateur de particules dans la matrice en fusion des bouffées adolescentes. Cela, je sais que nous étions nombreux à le partager… Sans doute d’ailleurs, les « nerds », les « geeks » que nous étions étaient-ils plus sensibles encore au charme de l’auto, parce que la plus grande distance qui les séparait du charnel donnait encore davantage de densité et de force à leur imaginaire. 

Alors oui, je tente cette proposition un peu folle : la Testarossa a sans doute été pour nombre de mes camarades et pairs d’alors, une sorte de prothèse, un véhicule nous autorisant à nous déplacer dans un monde de fantasmes et de désirs, qui sans elle, nous serait peut-être resté fermé.

 

https://youtu.be/Q5G_JJos2T4

Nouvelle Porsche 911 Speedster, un objet nommé « désir » pour l’éternité

La nouvelle 911 Speedster … le plus bel hommage au rêve intemporel de Ferry Porsche. Poids léger, Puissance et Audace. Et limité à 1 948 unités,

Le nouveau Speedster a été présenté dans la nuit du 16 au 17 Avril au salon de New York ! Basé sur la 991, il est le digne héritier des précédentes version qui a commencé avec la 356 « Numéro 1 ». C’est la symbiose de deux 911 des plus désirables de ses dernières années : La « R » et la « GT3 » qui ont servis de base au développement du dernier né.

 

Ainsi, côté technique, le Speedster reçoit logiquement le moteur de la GT3, flat 6 de 4 litres atmosphérique sortant 500 ch. Porsche annonce qu’il est équipé de blocs-papillon individuels le rendant encore plus réactif ! Voilà qui promet. Seule la boîte manuelle six rapports est disponible. Comme tous les Speedster, il dispose d’un pare-brise plus bas et d’une coquille spéciale à l’arrière pour abriter la capote, dont le principe d’utilisation pourrait être proche de celui des Spyder. On appréciera également le subtil allègement à1465 kilos notamment par le biais de freins céramique de série et d’un capot en matériaux composites. Le châssis est bien sûr celui de la GT3.

Après la version « classique » présentée tôt dans la matinée, voici la version Heritage du nouveau Speedster, qui correspond à un pack d’options. Une seule couleur, l’argent GT avec des détails spécifiques de finition et un intérieur original bi-ton noir/cognac. On notera (malheureusement) que la trappe centrale pour l’essence et les rétros obus du concept n’ont pas été retenus, ce qui n’a rien d’étonnant : ils devaient être impossibles à homologuer.

Enfin, Porsche parachève son ouvrage de freins céramique à étriers noirs doublés de  décorations et numéros aux choix du client en forme de clin d’œil au Speedster 356 ! Les deux versions ne sont pour le moment commercialisées que sur le marché nord-américain et il faudra attendre quelques petites semaines supplémentaires pour les voir arriver en Europe. Au total, il n’y aura de toutes façons que 1948 exemplaires en tout et pour tout !

L’hommage de Porsche à « Moby Dick »

le 28 septembre 2018, Porsche a dévoilé la nouvelle 935 Type 991 à l’occasion de la Rennsport Reunion, un événement historique organisé sur le Laguna Seca Raceway en Californie.

Développant une puissance de 700 ch (515 kW), cette voiture de course dotée d’une carrosserie évoquant la légendaire Porsche 935/78 sera produite en série limitée à 77 unités au prix unitaire de 701 948 euros HT. « Cette voiture spectaculaire est un cadeau de Porsche Motorsport à tous les fans du monde entier, » explique Frank-Steffen Walliser, vice-président de Motorsport & GT Cars. N’étant pas soumise à une homologation, les ingénieurs et les designers n’ont pas eu à suivre les règles habituelles et ont bénéficié d’une grande liberté dans le développement.

Moteur Boxer à 6 cylindres en aluminium à double turbo refroidi par eau et suspension rigide; 3 800 cm3; course 77,5 mm; alésage 102 mm; Californie. 515 kW (700 ch)

La démarche de Porsche au cours de ces deux dernières années tendant à la commercialisation de séries très limitées à travers des modèles s’inspirant de moments clés de l’histoire de la marque force l’enthousiasme et alimente la passion pour la marque.