La déroute dont vous êtes le héros.

Si comme la plupart de vos contemporains, vous n’avez plus une once de désir ou d’énergie en songeant au chaos des mots et des actes que nous donne à contempler un pays peu à peu décomposé par ses excès et son inaptitude à se questionner lui même, alors percevrez vous l’Edito qui vient au choix comme une énième diatribe nombriliste, ou au contraire, comme une poussée salvatrice vers le sursaut de conscience dont nous avons besoin. Extrait d’un accès de colère sans filet, objectivement subjectif et subjectivement gouleyant mais qui surfe au moins sur des faits pour livrer ses figures libres.

Allez une Longue brève du Lundi (publication initiale le lundi 7 avril)  histoire de prendre la mesure (mais est-ce vraiment possible?) de l’incurie stellaire de notre classe politique… Ce que je vous livre n’est même plus politique, c’est seulement le dernier étage d’une fusée définitivement propulsée dans l’exosphère (dingue véridique, le correcteur orthographique me souffle « exaspère »…) du mensonge éhonté.

Tandis que l’on vous serine à longueur de temps sur la démesure des efforts consentis par l’Etat pour restreindre son train de vie et diminuer les dépenses publiques, on apprend que La dette de la France s’établit à 93,5% du PIB à fin 2013, tandis que le déficit atteint encore  4,3% du PIB en 2013, contre 5,2% en 2011, soit une baisse de 0,9 point de PIB en deux ans.

Vous allez dire que c’est mieux, mais c’est là que les chiffres sont perfides, en effet dans la même période les recettes publiques passent de 50,7% du PIB en 2011 à 52,8% en 2013, soit une hausse de 2,1 points de PIB!!! Donc la réalité, celle qui se fout de la gauche et de la droite, des gentils et des méchants et que dans les moments difficiles avoir des amis c’est très utile, cette réalité donc, c’est que les impôts supplémentaires requis de tous depuis ces 36 derniers mois ont servi pour leur plus grande part à financer de la dépense publique SUPPLÉMENTAIRE.

« La raison est évidemment la montée de la dépense publique, qui passe de 55,9% du PIB en 2011 à 57,1% en 2013, soit une hausse de 1,2 point, en contradiction avec tous les discours officiels, tous les engagements pris envers l’Europe et le besoin affirmé de réforme du pays. La baisse de la dépense publique » tourne à la farce ! Alors qu’elle a augmenté en France de 1,2 point de PIB de 2011 à 2013, elle a baissé de 0,5 point en Allemagne et de 0,8 point en Espagne, sur la même période, pour prendre deux de nos voisins. La dépense publique de la zone euro hors France n’augmente que de 0,2 point de PIB de 2011 à 2013 en dépit des interventions de nombreux Etats pour aider leurs secteurs bancaires au cours de cette période. Au Royaume Uni, la dépense baisse de 0,9 point sur la même période. »

http://www.boursorama.com/actualites/depenses-publiques–quelles-priorites-pour-le-nouveau-bercy—par-christian-saint-etienne-du-cercle-des-economistes-7f32658bab014aadd57962deb17655fa
Extrait chronique Christian St Etienne / 7 avril 2014

Pendant ce temps, des guignols (si vous me trouvez désobligeants avec des représentants du peuple pour le peuple et par le peuple, dites vous que c’est  l’euphémisme le plus diplomate auquel j’ai pu me résoudre) aussi nombreux qu’ineptes et toujours plus gourmands de facéties politicardes se pressent comme des dodos au bord de l’extinction pour demander un choc d’offre…

« Les entreprises arrivent à se restructurer dans des proportions qui défient l’entendement, au prix de risques insensés et d’une fiscalité regardée par le reste du monde comme confiscatoire et quasi bolchévique, tandis que la communauté politique acculée au toujours plus d’état s’achète la Noblesse la plus chère de tous les temps, la Noblesse d’Etat… »

Je fais plutôt attention à mes amis sur Facebook et je vous connais donc assez pour savoir que l’on pourrait avoir une conversation autour de ces thèmes sans se jeter d’invectives. Ce dont il est question ici, ce n’est pas d’une tribune libérale (bouhhh) contre la clique des gentils utopistes de la gauche éternelle (chaton mignon) mais de la nécessité de revenir sur Terre : non seulement les résultats sont calamiteux, mais Ô rage, des pingouins qui n’ont jamais produit quoi que ce soit travestissent la réalité à longueur de journée et osent dans le même temps se poser en pourfendeurs du Chômage, en Hérauts de l’industrie alors qu’ils vivent sur le dos du système auquel ils ne contribuent en rien.

Dans le même temps des boîtes, les vraies, celles qui vivent près de nous, et dans lesquelles je vous, nous travaillons, sont pressurées d’une façon prodigieuse tout en devant assumer une conjoncture en berne.  Les entreprises arrivent à se restructurer dans des proportions qui défient l’entendement, au prix de risques insensés et d’une fiscalité regardée par le reste du monde comme confiscatoire et quasi bolchévique, tandis que la communauté politique acculée au toujours plus d’état s’achète la Noblesse la plus chère de tous les temps, la Noblesse d’Etat…

Cette image est dure, et sans doute pour une bonne part injuste, et il est plus facile d’appeler à la réforme d’un système lorsque l’on en bénéficie pas, mais le fait est que tout cela n’est plus du tout démocratique et que la liberté est tellement foulée au pied qu’elle risque d’en crever. C’est la plus importante de toutes les valeurs, sans elle, pas de vérité, pas d’espoir de percer quelque chape que ce soit.

2014-04-10-politics-psycho-Book-Cover

Si vous avez lu jusqu’ici, vous devez pour certains ressentir un mélange de compréhension inquiète mais un peu paternaliste vis à vis de mots enragés dépeignant une réalité tronquée, exagérée, caricaturée.. Eh bien regardez-y à deux fois, et constatez. Nous en sommes arrivés au point d’avancer les yeux Grands fermés, au mépris de la réalité, au mépris de tout ce à quoi nous devons notre prospérité, au mépris de ce que le reste du monde nous suggère. Notre arrogance intellectuelle n’a pas de bornes et nos échecs, le mal-être collectif qui s’est installé sont impuissants à libérer la parole. Des millions et des millions de gens usent et abusent du système, le draine de sa substance, pas parce qu’ils sont la vilaine horde de privilégiés profiteurs qu’aiment à dépeindre les feuilletonistes manichéens, mais parce qu’ils le peuvent  et surtout parce que ce système n’offre aucun autre horizon que lui même.  Nos politiques nous ressemblent :  lâches, indignés,  égoïstes, s’ingéniant à trouver les coupables de leurs maux partout en dehors d’eux mêmes..

Ce papier n’est pas perso, le sujet ce n’est pas moi en colère, c’est une tentative pour ressusciter une pensée vaguement libre. Croire que le futur va nous arriver par le tram et sans rejets de CO2 est une chimère coupable.  Nous sommes au début et à la fin de ce qui arrive, et il semble que nous ne soyons pas décidé à changer quoi que ce soit.

 

Nutella et langue de bois, je vous aime.

 


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